Sources & documents

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Documents divers
sur le Musée Calvet d’Avignon

1ère édition  : 1893
Cité en abrégé DMC 1
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Documents divers
sur le Musée Calvet d’Avignon

2ème édition : 1935
Cité en abrégé DMC 2
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Dons fait au Muséum Calvet :

Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1810 à 1838

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Dons faits au Muséum Calvet pendant l'année 1839

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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1840 à 1846
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Dons faits au Muséum Calvet pendant l'année 1846
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1847 à 1853
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1854 à 1860
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1861 à 1865
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1866 à 1870
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1871 à 1875
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1876 à 1880
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1881 à 1885
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Dons faits au Muséum Calvet pendant les années 1886 à 1910
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Mémoire sur la bibliothèque publique d’Avignon
Ecrit par Esprit Calvet au mois de novembre 1797.
Présenté et commenté par Labande.


Présentation de Labande

"C'est sans raison qu'on a voulu réduire l'importance des collections réunies par la Révolution. On s'est appuyé pour le faire sur un mémoire écrit par Esprit Calvet au mois de novembre 1797, où il a tâché d'établir qu'il n'y a et qu'il ne peut pas exister de Bibliothèque publique à Avignon, faute d'éléments suffisants. Voici ce mémoire : on se rendra compte facilement par sa lecture et par les quelques annotations rectificatives que j'y joins, du sentiment qui l'a dicté et qui peut s'expliquer par ce fait qu' Esprit Calvet avait rêvé d'être pour sa ville natale ce que d'Inguimbert et le marquis de Méjanes avaient été pour Carpentras et Aix."

Extrait du mémoire d'Esprit Calvet sur la bibliothèque publique d'Avignon

Depuis la chute des Jésuites, les maisons religieuses d'Avignon, même les plus riches et les mieux disciplinées, avoient des livres et non des bibliothèques ; c'est à dire, qu'on ne trouvait dans aucun couvent un assortissement de livres relatifs à chaque partie des sciences, belles-lettres et arts.
On ne comptoit que très peu de gens de lettres parmi les particuliers, les Cambis, les Calvière, les Pérussis n'existoient plus ; leurs lumières et leur autorité auroient d'ailleurs été insuffisantes. L'ignorance des chefs devoit contribuer, autant que tout le reste, à la pénurie du dépôt public, et nos bibliothèques, qui heureusement avoient été épargnées, n'étoient point destinées à enrichir un prétendu musée, qui n'a ni lecteurs, ni administrateurs1.
L'ancienne collection des Célestins, autrefois estimée, n'étoit plus alimentée depuis un siècle2, il n'y avoit que les éditions du moyen âge de l'imprimerie, ni les premières ni les dernières ne s'y voyoient point3. C'étoit un tas informe de vieux livres sans mérite, mal habillés et la plupart piqués de vers.
Les manuscrits de Gerson sur papier, qui s'y trouvoient en plusieurs volumes, cependant mal en ordre, formoient une collection que des mains habiles auroient pu rendre utile, si on avoit mis des soins à les recueillir et à les transporter4. Il faudroit suivre ce qui en reste et le confronter avec les ouvrages de cet auteur imprimés à Anvers en 1706, en cinq volumes in-fol, sur les recherches de Dupin ; on pourroit y découvrir encore différentes pièces inédites, mais ils ont été, en grande partie, égarés ou perdus. Gerson, dont le nom étoit Jean Charlier, né en 1363, avoit été d'abord chanoine de l'église de Paris, il se retira ensuite à Lyon, dans le couvent des Célestins, où son frère étoit prieur, et c'est de là que sont venus ces manuscrits chés les Célestins d'Avignon.
On croit avec fondement que la plupart des autres manuscrits de cette collection «avoient appartenu à Clément VII, qui mourut à Avignon en 1394, et qui, après avoir été enseveli à Notre-Dame des Doms, fut transféré aux Célestins4.

Commentaires de Labande

1 Cette critique est bien sévère pour un établissement en pleine voie de formation ; elle n'est même pas très juste. La Bibliothèque avait Meynet comme conservateur ; elle était placée sous la surveillance et la direction de l'administration centrale du département, qui avait à faire approuver tous ses actes par le Ministre de l'intérieur.
2 C'est une erreur. Le catalogue de la bibliothèque des Célestins, dressé en 1765, mentionne deux cent trente-sept ouvrages imprimés pendant le XVIIIe siècle ; l'édition la plus récente est de 1764.
3 S'il est vrai que la bibliothèque des Célestins se composait principalement d'ouvrages des XVIe et XVIIe siècles, il n'est pas exact cependant de dire que les premières ni les dernières éditions des auteurs ne s'y trouvaient pas ; la note précédente a déjà répondu en partie à cette affirmation. D'autre part, je relève dans le même catalogue l'indication de cent vingt-trois incunables datés (1450-1500) ; les éditions princeps, marquées par un signe particulier, y sont au nombre de deux cent quatorze.
J'ai déjà dit qu'on n'avait aucune preuve de l'existence réelle des manuscrits de Gerson dans la bibliothèque des Célestins du XVe au XVIIIe siècle, et qu'il y avait seulement une tradition fortement enracinée, même chez les Célestins, voulant que Gerson leur ait légué tous ses livres. Or le catalogue de 1765, qui rapporte cette tradition comme l'expression de la vérité, ne peut signaler parmi les manuscrits aucune œuvre du chancelier de l'Université de Paris. Il ne serait donc pas raisonnable, sans autre preuve, d'imputer aux hommes de la Révolution le grief d'avoir dissipé ce précieux legs.
4 La nomenclature des manuscrits provenant de Clément VII a été conservée par le rédacteur du martyrologe des Célestins (ms. 1753) ; je l'ai reproduite ci-dessus. Ces volumes sont loin de former « la plupart des autres manuscrits » de la bibliothèque des Célestins.


La grande Bible de ce pape, ornée de ses armes, en onze ou douze volumes forme d'atlas1, s'y faisoit surtout remarquer ; c'étoit le manuscrit sur velin du plus grand volume qui eut jamais existé, ou du moins qui fût parvenu jusqu'à nous. Cette Bible avoit été anciennement dégradée en plusieurs endroits par l'enlèvement d'un grand nombre de miniatures, et avec elles, des fragmens du texte écrits au revers ; elle pouvoit néanmoins être encore utile, et le nom de son premier propriétaire la rendoit respectable. Mais elle est entièrement détruite aujourd'huy ; j'en ai vû les lambeaux en 1795 chés le relieur Firmin le jeune, à qui elle avoit été vendue ou donnée ; il l'avoit coupée en morceaux grands comme la main pour en faire des porte-feuille2.
J'ay eu autrefois entre les mains un manuscrit, format in-4°, sur velin, de la même collection, lequel avoit pour titre De animalibus, il me parut le plus important de tous ceux des Célestins ; je n'eus pas le temps d'en prendre une notice et je n'ay pu scavoir ce qu'il étoit devenu3.
Il y avoit aussi des manuscrits De Imitatione Christi, qui ne paroissoient pas des premiers4. C'étoit Thomas à Kempis et non pas Gerson, qui y étoit nommé pour auteur de cet ouvrage. On scait que l'abbé Vallart a depuis peu prétendu prouver que ce livre ne pouvoit pas être du premier, puisqu'il se trouve dans des manuscrits antérieurs à l'année 1380, époque de la naissance de Thomas. La première édition de ce livre est de 1492, absque loco5.
Je ne parle point de plusieurs Bibles manuscrites sur velin en petit format, qui s'y trouvoient ; on en distinguoit une par la finesse de l'écriture et par des lettres majuscules dorées, ou enluminées avec le plus grand soin. Les manuscrits de la Bible ont toujours été les plus communs, par la raison seule que les moines, ordinairement oisifs, s'imposaient la loi de faire une copie de l'Écriture Sainte au moins une fois dans leur vie.

Commentaires de Labande


1 Le catalogue de 1765 indique formellement que cette Bible n'avait que trois volumes.
2 Calvet doit encore s'être trompé ; les trois volumes de la Bible de Clément VII avaient été volés en 1795 à l'ancienne bibliothèque des Célestins. Il est possible que le relieur Firmin ait détruit le tome III, mais les deux autres existent encore ; ils forment aujourd'hui les n°1 et 2 de nos manuscrits. Il n'est donc pas juste d'affirmer que cette Bible « est entièrement détruite aujourd'huy ».
3 Ce manuscrit est en effet signalé dans le catalogue de 1765 ; aujourd'hui nous ne le possédons plus.
4 Les Célestins de Gentilli possédaient un manuscrit de l'Imitation ; mais en 1765 ceux d'Avignon n'en avaient pas. Calvet a dû établir une confusion.
5 Erreur. Le Repertorium de Hain signale une édition non datée, d'environ 1480 (n° 9080), et plusieurs éditions datées de 1485 (n° 9086-9088), 1486 (n°9089-9090), 1487 (n°9091-9093), etc.