Donateurs et testateurs Confiscations révolutionnaires et donateurs involontaires

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Avignon et le comté Venaissin furent réunis à la France par décret de l'Assemblée nationale, en date du 14 septembre 1791. Dès ce moment, il fallut donc pourvoir à l'application des lois françaises. Celle du 18 août 1792 supprimait les anciennes communautés religieuses et réunissait leurs biens au domaine de la nation. Ce fut l'origine de la Bibliothèque et du Musée d'Avignon.
Duhamel in Origine du Musée d'Avignon a démontré que la circulaire du ministre Rolland, du 3 novembre 1792, relative au triage, à l'inventaire et à la conservation des objets précieux, fut exécutée dans notre ville. Le décret de la Convention nationale du 8 pluviôse an II vint la compléter : il exigea que les administrations de district fissent dresser le récolement des inventaires qui avaient dû être faits des livres et manuscrits des communautés ecclésiastiques, des émigrés et des condamnés ; il leur demanda de proposer, parmi les édifices nationaux un emplacement convenable pour la Bibliothèque publique, avec l'indication des dépenses urgentes, lesquelles propositions seraient transmises au Comité d'instruction publique. Ce fut l'architecte Bondon qui fut chargé d'examiner quel local pourrait être affecté à l'établissement de la Bibliothèque. Sur son rapport, l'administration du district proposa, le 24 messidor an II, au directeur du département de Vaucluse l'immeuble national de Saint-Martial. Du 15 vendémiaire an III est le devis des dépenses nécessaires à la mise en état des bâtiments ; il s'élevait à la somme de 55,458 livres 10 sous. Il fut envoyé au Ministère de l'intérieur, avec des observations sur l'établissement de la Bibliothèque et du Musée publics « du département de Vaucluse d'Avignon... dans la maison nationale du couvent des cy-devant Bénédictins ».

Malgré le rapport de Bondon et les résolutions prises en l'an III, les différentes collections qui composaient la Bibliothèque d'Avignon restaient  séparées  et enfermées dans trois dépôts différents : à l'archevêché, dans le couvent des Célestins et dans la maison de Seytres-Caumont.
Pourtant, depuis le 5 messidor an IV, les bâtiments de l'archevêché étaient vendus au sieur Durourc, qui devait entrer en possession après évacuation de l'immeuble. Mais les choses restèrent en cet état jusqu'en l'an XII : c'était en vain que le « conservateur du Museum et du dépôt littéraire » d'Avignon, tel était le titre officiel que portait le citoyen Meynet, demandait que tous les objets fussent réunis dans un même local, où ils seraient visités par le public, à des jours déterminés ; l'argent manquait pour réaliser ces desiderata et surtout pour remettre en état convenable les bâtiments de Saint-Martial.

L'État résolut donc de donner à la ville d'Avignon la jouissance des Bibliothèque et Musée nationaux, en même temps que de l'ancien couvent des Bénédictins. Cette jouissance, spécifiée dans la dépêche ministérielle du 13 thermidor an XI, fut définitivement concédée par un arrêté du ministre Chaptal du 4 pluviôse an XII et par un arrêté dn premier consul, en date du 7 du même mois. Le 20 ventôse suivant, le conseil municipal d'Avignon l'accepta et s'engagea à acquitter tous les frais d'installation et d'entretien du nouvel établissement.