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Legs de Paul Marieton en 1911


Tous ces apports précédent, malgré leur importance, ont été dépassés de beaucoup par le legs Mariéton. La bibliothèque de l'auteur de la Terre provençale a fourni au Musée Calvet environ 15 000 ouvrages, dont beaucoup très rares, et 430 manuscrits. Paul Mariéton (1862-1911), grand lettré féru de romantisme, l'avait constituée en bibliophile parfaitement averti et en homme de goût. En nombre et en qualité, seule la bibliothèque Requien lui est comparable.   

L'entrée au Musée Calvet d'une aussi remarquable et précieuse collection s'est faite dans des conditions qui méritent d'être rapportées.
Par un testament écrit au Chêne-Vert près d'Avignon, le 12 février 1911, Paul Mariéton, lyonnais de naissance, mais provençal d'adoption, chancelier du félibrige et fidèle disciple du maître de Maillane, avait légué ses livres au Musée Arlaten dans une pensée de fervent hommage à Mistral ; mais il avait stipulé qu'en cas de refus, - et celui-ci était escompté, - sa bibliothèque irait au Musée Calvet. Frédéric Mistral ne put en effet accepter cette collection trop considérable et pour la plus grande partie étrangère au musée qu'il avait fondé. Le Musée Calvet demanda aussitôt l'envoi en possession. Mais le Conseil général des Bouches-du-Rhône, prétextant que le Muséon Arlaten avait été donné à ce département, contesta la validité de la renonciation pour laquelle Mistral s'était prononcé. Il s'ensuivit un procès interrompu par la première guerre mondiale et qui se termina en juillet 1920 devant le tribunal de Bourg, lieu d’ouverture de la succession, par une transaction amiable en vertu de laquelle la partie de la bibliothèque de Mariéton intéressant les pays de langue d'oc fut adjugée au Muséon Arlaten, tandis que les autres livres de beaucoup les plus nombreux, ainsi que les correspondances, autographes, manuscrits et archives, étaient dévolus au Musée Calvet. Une délibération du conseil général des Bouches-du-Rhône entérina définitivement cette transaction le 13 octobre 1920.

Au Musée Calvet, la collection Mariéton, remarquable par la qualité autant que par le nombre, particulièrement riche pour la littérature française du XIXme siècle, a comblé en grande partie les lacunes qu'avait causées le « pieux rigorisme » des administrateurs de la seconde moitié du XIXme siècle. (Prohibition des romans par le testament d’Esprit Calvet).